Le gouvernement malien a annoncé jeudi soir la «fin, avec effet immédiat», de l'important accord d'alger signé en 2015 avec les groupes indépendantistes du nord du pays, longtemps considéré comme essentiel pour stabiliser le pays.
Le gouvernement malien a invoqué «le changement de posture de certains groupes signataires», mais aussi «les actes d'hostilité et d'instrumentalisation de l'accord de la part des autorités algériennes dont le pays est le chef de file de la médiation», indique un communiqué lu à la télévision d'État par le colonel Abdoulaye Maïga, porte-parole du gouvernement installé par les militaires.
Mali: intégralité des communiqués 064 et 065 mettant fin aux accords de paix d’Alger
Le Gouvernement de la transition du Mali
25 janvier 2024
Au nom de nos plus hautes autorités, j’ai l’insigne honneur de donner lecture de deux communiqués, communiqués dont les teneurs suivent.
Communiqué numéro 064 du gouvernement de la transition
Le gouvernement de la transition constate avec une vive préoccupation une multiplication d’actes inamicaux, de cas d’hostilité et d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali par les autorités de la République algérienne démocratique et populaire, toutes choses portant atteinte à la sécurité nationale et à la souveraineté du Mali. Au nombre de ces cas que nous condamnons, figurent entre autres :
L’imposition unilatérale d’un délai de transition aux autorités maliennes.
L’accueil, sans concertation ni notification préalable, au plus haut sommet de l’État algérien, de citoyens maliens subversifs et de citoyens maliens poursuivis par la justice malienne pour actes de terrorisme.
L’existence, sur le territoire algérien, de bureaux assurant la représentation de certains groupes signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, devenus aujourd’hui des acteurs terroristes.
La volonté des autorités algériennes de maintenir le régime de sanctions des Nations Unies concernant le Mali, au moment où le mouvement des non-alignés et la Fédération de Russie s’opposaient, dans l’intérêt du peuple malien, qui demandait la levée de ce régime.
La main cachée des autorités algériennes dans une manœuvre visant à imposer un chapitre sur le Mali dans le document final du sommet du mouvement des non-alignés à Kampala, en Ouganda, sans le consentement des autorités maliennes. À l’argument des autorités algériennes selon lequel elles ne sont pas à l’initiative du chapitre contesté sur le Mali, il est utile de leur demander la raison pour laquelle elles ont été les seules à s’opposer, au niveau des experts, à l’amendement proposé par le Mali, en affirmant que toute modification de la rédaction contestée devrait recueillir au préalable l’assentiment des plus hautes autorités algériennes.
Après analyse de ces cas, il ressort une perception erronée des autorités algériennes qui considèrent le Mali comme leur arrière-cour ou un État paillasson, sur fond de mépris et de condescendance.
Par ailleurs, le gouvernement de la transition prend en témoin l’opinion nationale et internationale et les invite à constater l’écart entre les manœuvres d’hostilité des autorités algériennes d’une part, et d’autre part, la responsabilité qui lui incombe au moment où elle siège au sein du Conseil de sécurité des Nations Unies, l’instance principalement chargée du maintien de la paix et de la sécurité internationale.
Le gouvernement de la transition, tout en condamnant cette attitude, exige des autorités algériennes de cesser immédiatement leur hostilité.
En outre, les relations de bon voisinage exigent des comportements responsables qui doivent être guidés par le sens de l’empathie et le respect mutuel. Le gouvernement de la transition serait curieux de savoir le sentiment des autorités algériennes si le Mali devait accueillir au plus haut sommet de l’État des représentants du mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie.
Le gouvernement de la transition saisit cette occasion pour rappeler aux autorités algériennes les relations séculaires et fraternelles qui existent entre le peuple malien et le peuple algérien. L’un des points majeurs de l’amitié entre les deux peuples frères remonte à la guerre d’Algérie, lors de laquelle le Mali a notamment offert son territoire comme base arrière au moudjahidine, ouvrant ainsi un front sud pour participer aux affrontements armés contre le colonisateur français en déployant des combattants maliens aux côtés des moudjahidine sur le territoire algérien pour défendre la liberté et la dignité des Algériens. Le Mali a défendu la cause algérienne dans toutes les instances diplomatiques jusqu’au recouvrement de leur indépendance.
Le Mali invite les autorités algériennes à se remémorer également leur responsabilité dans la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel. S’il est vrai que l’intervention de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) a contribué à exacerber la menace terroriste, il n’en demeure pas moins que c’est l’installation dans le Sahara du groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) algérien, puis son allégeance à Al-Qaïda, qui ont marqué l’avènement du terrorisme international dans la région.
Le Mali réaffirme son attachement à la promotion des relations amicales et harmonieuses avec l’ensemble des États du monde, sous le respect des principes guidant l’action publique au Mali, définis par Son Excellence le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition et Chef de l’État, à savoir le respect de la souveraineté du Mali, le respect des choix de partenariat et des choix stratégiques du Mali, et enfin la prise en compte des intérêts du peuple malien dans toutes les décisions.
Que Dieu bénisse le Mali et préserve les Maliens.
Fait à Bamako, le 25 janvier 2024.
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Communiqué numéro 065 du gouvernement de la transition
Le gouvernement de la transition, dans le cadre de la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé en 2015, partage avec l’opinion nationale et internationale les faits graves ci-dessous :
Le changement de posture de certains groupes signataires de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, devenus des acteurs terroristes et poursuivis par la justice malienne après avoir commis et revendiqué des actes terroristes.
L’incapacité de la médiation internationale à assurer le respect des obligations incombant aux groupes armés signataires, malgré les plaintes formulées par le gouvernement de la transition à travers la lettre du Ministre de la Réconciliation de la Paix et de la Cohésion Nationale chargé de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale en date du 24 février 2023, adressée aux autorités de la République Algérienne Démocratique et Populaire, chef de file de la médiation internationale.
Les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord de la part des autorités algériennes, dont le pays est le chef de file de la médiation internationale, comme mentionné dans le communiqué numéro 064 du 25 janvier 2024 du gouvernement de la transition.
Au regard de ces faits suffisamment graves précités, le gouvernement de la transition constate l’inapplicabilité absolue de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé en 2015, et par conséquent, annonce sa fin avec effet immédiat. Je répète, au regard de ce fait suffisamment grave précité, le gouvernement de la transition constate l’inapplicabilité absolue de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé en 2015, et par conséquent, annonce sa fin avec effet immédiat. Je répète, pour une dernière fois, au regard de ce fait suffisamment grave précité, le gouvernement de la transition constate l’inapplicabilité absolue de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger signé en 2015, et par conséquent, annonce sa fin avec effet immédiat.
Le gouvernement de la transition rassure de sa volonté à œuvrer pour le règlement pacifique de la crise malienne en tirant les enseignements des accords préalables et en consolidant leurs acquis. En outre, il invite tous les groupes signataires du caduc accord de paix, non impliqués dans le terrorisme, ainsi que les partenaires du Mali, à s’inscrire dans l’esprit du dialogue direct intermalien, ouvert à tous nos compatriotes et prôné par Son Excellence le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition et Chef de l’État, le 31 décembre 2023.
Le gouvernement de la transition saisit cette occasion pour appeler les Maliens à renforcer la cohésion nationale et à promouvoir le dialogue et la paix.
Que Dieu bénisse le Mali et préserve les Maliens.
Fait à Bamako, le 25 janvier 2024.
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